Le CNES prévoit une base d’expérimentation à Toulouse pour des séjours sur la Lune.
Dans le cadre du programme américain Artémis, qui prévoit un retour sur la Lune d’ici 2028, le CNES (Centre national d’études spatiales) de Toulouse va mettre en place dès 2022 une base d’expérimentations. L’objectif ? Préparer la mise en place d’une base spatiale lunaire, voire martienne.
« Le retour sur la Lune sera fait pour y rester », écrivait le CNES sur son site internet en janvier. En effet, dans le cadre de cette nouvelle phase d’exploration de l’espace, le groupe international de l’exploration spatiale (ESA, CNES et NASA) ont créé ensemble le projet Spaceship. Initié en 2012 par l’ESA avec le projet Spaceship EAC en Allemagne, il est porté en France par le CNES depuis 2019 avec le projet Spaceship FR. Son but ? Préparer la base spatiale de demain. Pour se faire, le projet se concrétisera d’abord sur Terre, avec la création d’un laboratoire d’expérimentations au CNES, avec le concours de l’Etat, de la Région et de la Métropole. Ses mots d’ordre : inspirer, fédérer et accompagner. Il réunira une soixantaine de partenaires. Parmi eux, des universités et écoles nationales et internationales, des instituts de recherche, des industriels ou encore des start-up.
Un champ d’expérimentations large
La construction de la base se fera en plusieurs étapes. La première de 2022 à 2024 avec « un bâtiment style open Space de 150 m², le noyau dur. Il fédérera les partenaires. Et un bâtiment sur la gauche, divisé en plusieurs parties, qui servira d’atelier de fabrication » détaille Alexis Paillet, chef de projet Spaceship. Ensuite, la deuxième aura lieu de 2024 à 2026. Elle comprendra une aile double en T avec des modules dédiés aux thématiques à étudier. Il en existe sept : Habitat, énergie, santé, robotique, digital, culture des plantes et recyclage.
“Attention, on ne va pas récréer des conditions de vie sur la Lune. On va pousser les recherches dans ces domaines pour développer des équipements technologiques. Ils permettront des conditions de séjours possibles et permanentes lors de ces explorations” résume Alexis Paillet
Concrètement, les acteurs du projet travailleront sur le recyclage de poudre et d’alliage grâce aux imprimantes 3D. Mais aussi sur les batteries à basse température, l’hydrogène ou encore les panneaux solaires. Des recherches développeront aussi les « bonus food », ces petits extras en nourriture dans des boîtes de conserve. La récupération et le traitement des eaux noires, grises et jaunes seront aussi étudiées.
“L’idée, c’est d’arriver à une autonomie énergétique, en créant une énergie alternative. Mais aussi une autonomie en termes d’eau” explique le chef de projet
Il n’y aura cependant pas de travail sur l’humain ou les animaux à la base. Il se fera grâce au partenariat du CNES avec la clinique de l’espace au CHU de Rangueil, qui possède les accréditations nécessaires. Enfin, les partenaires travailleront sur la protection contre les radiations pour les astronautes.
« Aujourd’hui, un astronaute ne peut pas rester plus de trois semaines sur la Lune, à cause des radiations. D’où notre objectif d’arriver à faire plus » déclare Alexis Paillet.
Objectif final : La Lune, puis Mars ?
Une fois les expérimentations terminées, première étape : la Lune. Une base lunaire, le Moonvillage, verra le jour d’ici 2027-28, dans le cadre du programme Artémis. A terme, elle devrait accueillir entre quatre et six personnes. Elles réaliseront des expériences pendant leurs missions.
“Le but est d’observer ce qu’il se passe au niveau des facteurs humains et psychologiques, et de voir comment le corps réagit à une gravité différente de manière permanente” déclare le chef de projet
Cependant, l’objectif ultime sera d’aller sur Mars, la Lune n’étant qu’un moyen de transiter vers cette planète tierce. Un aller vers la planète rouge serait envisagé d’ici 2035 voire 2040. Ici, le but serait de remplacer par des hommes les rover comme Persévérance et Curiosity, pour comprendre la structure des planètes. « Il n’y a rien de mieux que l’humain pour aller explorer plus vite, plus loin et trouver plus de choses » explique Alexis Paillet. Et si pour l’instant la lune reste le point de transition envisagé, rien n’écarte la possibilité d’aller directement sur Mars, « si les technologies de la base d’expérimentation sont assez matures » selon le chef de projet.