Entrevue avec l’Actrice Alice Pol pour le fabuleux film “C’est magnifique !” sorti aujourd’hui au cinéma
« C’est magnifique ! » réalisé par Clovis Cornillac est une délicieuse douceur cinématographique, un sublime conte qui nous connecte à notre âme d’enfant. Alice Pol qui interprète le rôle d’Anna nous a accordé une entrevue.
Ce film est une ode à la bienveillance. Dans la vie, plus on fait attention à l’autre, plus on se fait du bien à soi-même.
Bonjour Alice, qu’avez-vous pensé la première fois que vous avez lu le scénario du film « C’est magnifique ! » ?
La première fois que j’ai lu le scénario, j’ai été emballé. Je l’ai lu d’une traite ! J’ai été embarqué comme une spectatrice ! Ce conte contemporain laisse une vraie place aux rêves. C’est quelque chose que je cherche dans les scénarios et les histoires. Quand je suis tombée sur de tels personnages j’ai été happé, comme quand on lit une histoire.
Votre personnage Anna ne croit plus en la main tendue, elle se méfie même de la gentillesse de Pierre et saute tout de suite vers une conclusion qui n’est pas celle de son bienfaiteur ?
Oui (rires), c’est assez terrible. Cela me fait penser à cette expression : « Il est gentil » qui est devenue relativement négative avec le temps, alors que c’est sûrement la plus grande preuve d’intelligence humaine qui soit. Je pense qu’Anna est devenue méfiante à cause de ses propres fautes et de la société toute entière. Elle pose cette question terrible : « Est-ce qu’on peut être gentil gratuitement ? ». Et évidemment que oui ! Pierre est là pour montrer qu’on peut être gentil sans arrière-pensée et sans aucun acte politique et tout autre…
En effet, vu que Pierre n’a pas le sens de la réalité ou plutôt des codes de 2022. Il représente l’innocence et la gentillesse. Anna va essayer de lui ouvrir un peu les yeux tout en préservant cet aspect d’émerveillement de sa personnalité qu’elle découvre petit à petit aux côtés de Pierre. Ils évoluent tous les deux au contact de l’autre.
Au début, Pierre est vraiment l’opposé d’Anna. Comme vous l’avez dit, il n’a pas les codes et Anna a commis une erreur. Elle est confrontée à une société dont elle est coupée. Pierre est lui aussi coupé de cette société parce qu’il n’a jamais vécu en ville. Il a grandi auprès de ses parents, perdu dans sa montagne entre ses fleurs et ses abeilles. Il veut s’acheter une viennoiserie avec un chèque… Ce qui s’avère compliqué (rires collégiaux). Pour deux raisons différentes, ils sont en marge de la société. J’aime beaucoup ce thème du moins et moins qui font plus, au cinéma ou dans les livres. En fait, si leur handicap est lourd à porter séparément, cela devient un véritable point positif quand ils sont ensemble.
Une véritable force de vie.
Oui, sa gentillesse à lui et son énergie à elle qui n’était avant que colère les portent, et la façon de réagir d’Anna lui permet d’aider Pierre en retour. Ensemble, ils font des merveilles ! Au contact de la gentillesse, on convoque sa part de bienveillance et d’amour pour l’être humain. Le but est de rester avec des gens sympathiques pour développer sa propre gentillesse et non avec des personnes malveillantes avec lesquelles on va, à l’inverse, se protéger et se renfermer. Ce film est une ode à la bienveillance. Dans la vie, plus on fait attention à l’autre, plus on se fait du bien à soi-même.
Le personnage d’Anna a de profondes blessures, on découvre son univers quand Pierre pénètre dans son van qui nous rappelle un peu celui de la bande à Scooby-Doo à part la couleur. La décoration de dessins nous apportent un éclairage important sur sa personnalité.
Oh cette vision du van scooby est top ! J’adore (rires collégiaux). Mais oui, c’est vrai. Les véhicules de manière générale trimbalent une partie de notre identité. Je ne dis pas ça par rapport à la mienne (rires collégiaux). Pour Anna, c’est encore plus présent vu qu’elle n’a pas d’appartement et qu’elle vit dans sa voiture. C’est encore plus fort, car elle s’est créée un univers et quand on entre à l’intérieur, on s’en rend bien compte. Vous avez raison, c’est un journal intime son petit van !
Ce qui me permet d’introduire le personnage de Lise la fille d’Anne, qui est jouée par l’épatante Manon Lemoine.
Elle est super cette petite fille. Elle a une vérité. En plus, elle n’a pas ce côté singe savant que peuvent avoir les enfants qui sont très vite immergés dans un monde d’adulte sur un tournage ou autre chose. Manon est mature tout en étant vraiment une petite fille très à l’écoute. Elle joue très bien et j’ai adoré jouer avec elle. C’était très simple.
Sur ce projet, j’ai eu beaucoup de partenaires vraiment merveilleux parce que Clovis est très attentif aux gens avec qui ils tournent. J’ai été très emballée, même par les tout petits rôles. J’ai adoré tourner avec les directeurs de l’école (Véronique Kapoian et Alain Blazquez) ou encore le monsieur de l’aide social (Olivier Bouana). J’ai vraiment trouvé que le casting était à la hauteur des ambitions du cinéma. C’était agréable chaque jour, dès qu’une nouvelle personne venait nous rejoindre pour un ou plusieurs jours. C’était vraiment super.
Un beau moment de partage avec tout le monde.
Tout à fait et aussi, surtout, une évidence de jeu. De sentir qu’on fait une mise en place pour une scène, qu’elle peut (et va) décoller. On a tous un rapport très passionnel avec notre métier. Sans oublier Clovis qui est un vrai chef d’orchestre, tout en étant dans la douceur. C’est un peu l’idéal pour nous autres acteurs et actrices, on y est très sensible.
Anna est aussi aidée pour découvrir les origines de Pierre par Daria et Lucie, interprétés par Gilles Privat et Alexandra Roth.
Oui, ils sont super. Dignes des personnages d’Almodóvar.
Bien vu (rires collégiaux). On compte même le propriétaire du bar (Roger Cornillac) qui apporte sa pierre à l’édifice.
En effet (rires), ce sont tous des personnages très fort. Lorsque je suis arrivée à Paris, j’en ai croisé des personnes comme ça (rires). Des gens un peu paumés qui se recréent une famille parce qu’ils n’ont plus vraiment la leur, vu qu’ils ne sont plus dans les clous. On imagine bien que pour les personnages de Daria et Lucie ça ne devait pas être des familles forcément simples. Ils mettent sur pied une famille avec des gens originaux, singuliers. Cela devient quelque chose de plutôt cohérent finalement quand ils sont tous ensemble. J’adore, car il y a des plans magiques où on regarde tous ensemble le personnage de Pierre, en ne sachant pas quoi faire pour régler les problèmes. C’est fort.
On parle des personnages, mais quel a été votre réaction en découvrant le décor de la caverne aux merveilles ?
Oh là là, on était tous sous le charme ! Dès qu’on arrivait le matin on se disait tous : « Il faut aller voir la grotte ». Même en faisant ce métier, il se passe des choses et des décors qui nous laissent sans voix. Cette grotte, elle est incroyable ! Ils ont fait un travail exceptionnel, vraiment extraordinaire ! Quand on voit ça en arrivant sur le tournage, on se dit qu’on fait vraiment du cinéma. On propose aussi un spectacle. Je trouve que c’est très important, on est dans une époque où on est inondé d’images entre les portables et les ordinateurs. Et là tout d’un coup, c’est un autre univers qui s’ouvre aux spectateurs. Je suis vraiment comme une enfant qui découvre ce décor magique avec toutes ces fleurs et ces couleurs. Clovis a fait quelque chose de fou !
On a tous envie d’avoir la même grotte à proximité.
Évidemment, mais à mon avis ce n’est pas facile à entretenir (rires collégiaux).
Elle vous parle cette phrase : « L’important ce n’est pas d’où l’on vient mais ce que l’on devient » ?
Elle me parle totalement. Finalement, je trouve qu’on fait tous beaucoup cas de nos origines, moi compris, mais en fait c’est un hasard, il n’y a pas de gloire ou de honte d’arriver d’un endroit ou d’un autre. Je trouve qu’on met toujours cela très en avant, on en est très content ou inversement. Mais ce qui compte c’est ce que l’on devient ! Cela me parait plus important, ce qu’on arrive à proposer à la vie et à soi-même et aux autres. Nous sommes tous des êtres humains, cela ne rajoute pas grand-chose de venir d’un endroit précis.
Vous avez prêté dernièrement votre voix au personnage de Georgia dans le film d’animation « Vaillante ». Vous aimez cette spécificité de votre métier ?
J’avais participé à Cars 3 de Disney déjà, où je m’étais régalé. J’adore faire du doublage de dessins animés. J’adore l’univers de ces films qui peuvent toucher les enfants, les ados et Georgia Nola a tout ça. Dans « Vaillante » il y a un tel niveau d’écriture, de fantaisie, de beauté dans les dessins !
Ce film d’animation est produit et réalisé par des français Laurent Zeitoun et Yann Zenou. Ce sont des messieurs très talentueux et très courageux. Ils avaient fait des gros succès en France et ils ont fait « Vaillante » avec une équipe canadienne. Ce sont des gens qui font rayonner notre pays à plein d’endroits. C’est vrai que j’adore les Disney et les Pixar qui sont scénaristiquement incroyable. Et là, de se dire qu’ils ont réussi à faire quelque chose d’aussi beau, je trouve cela émouvant. On avait fait une avant-première au grand Rex à Paris bourré d’enfants avec leurs parents et des pompiers !
Ça devait être magique !
Oui, c’était merveilleux ! Les réactions étaient fantastiques. Ce film va sûrement donner envie à des tas de gamins d’être pompier, de faire un métier tourner vers l’autre. Il y a une vraie action au-delà du divertissement.
Je crois que vous avez prochainement dans les tuyaux « Un petit miracle » ?
Tout à fait, « Un petit miracle » sortira l’an prochain, mais il n’y a pas encore de date arrêtée. C’est un film que j’ai adoré tourner avec un pitch assez drôle : « C’est une institutrice dans une petite région, de province en Provence. Elle donne des cours à des enfants d’âges différents dans une même classe. Malheureusement la classe prend feu et elle n’a plus de salle pour enseigner. Elle harcèle tout le village et le maire pour trouver un autre endroit pour que les enfants ne soient pas dispersés dans d’autres écoles ». Mon personnage est assez têtu. C’est vraiment bizarre qu’on me l’ait proposé (rires collégiaux).
Très étonnant (rires collégiaux).
Juste après ça, mon personnage Juliette arrive à s’incruster dans la maison de retraite du village qui est tenu par Jonathan Zaccaï. Elle se retrouve là avec son ancien instituteur et mentor qui est joué par Eddy Mitchell qui vient d’arriver dans l’EPHAD. A partir de là, c’est le foutoir absolu les personnes âgées veulent aller voir les cours avec les enfants et les gamins veulent, eux, leur dessiner sur la tête ou mettre de la pâte à modeler dans leurs cheveux. C’est un carnage heureux (rires collégiaux). Je pense que toutes les maisons de retraite devraient être ainsi. Voilà c’est dit !
Entièrement d’accord avec vous. Revenons à « C’est magnifique ! » est-ce qu’il y a un mot d’après vous qui pourrait qualifier ce film ?
Je dirais « infiniment » parce que ça ouvre une porte, c’est infini. C’est un film qui vous laisse des possibilités qui ne sont pas dans la morale, qui vous propose juste de vous envoler avec son équipe et de faire un beau voyage. C’est le talent du cinéma pendant 1h30, 1h50 de déconnexion et d’oubli de son quotidien pour rêver un peu plus grand.
Merci beaucoup Alice pour ce moment.
Merci à vous.
TOUS AU CINEMA !
Ne manquez sous aucun prétexte « C’est Magnifique ! » un véritable coup de cœur, un conte merveilleux réalisé par (et avec) Clovic Cornillac entouré d’Alice Pol, Gilles Privat, Alexandra Roth, Lilou Fogli, Laurent Bateau sans oublier Manon Lemoine et bien d’autres encore. Pour découvrir notre avis sur le film cliquez ici (en bas de l’article).
“C’EST MAGNIFIQUE !”
Dans vos salles de cinéma partout en France et plus précisément à Toulouse, Labège, Blagnac, Colomiers ou encore Muret et Montauban.
A VOUS DE VOIR LA VIE AUTREMENT !
Photos avec affiche du film : © YanRB