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Entrevue avec Ferran Navarro Beltràn venu présenter son film “La génération silencieuse” au festival DIAM 2021 au cinéma l’ABC de Toulouse.

Dimanche 20 juin, le festival Des Images Aux Mots (DIAM) pour sa 14ème édition avait organisé une journée dédiée aux aîné(es). Le cinéma l’ABC de Toulouse a accueilli les films projetés ainsi que le réalisateur de « La génération silencieuse » Ferran Navarro Beltràn.

Bonjour Ferran, vous êtes un habitué du festival Diam où deux de vos courts métrages ont été projetés. Qu’est-ce que ça vous fait aujourd’hui d’y présenter votre premier long métrage ?

C’était vraiment génial. J’adore le festival Des Images Aux Mots. Je ne sais pas si c’est l’unique mais c’est vrai que l’équipe a montré tous mes projets et j’étais très heureux ce soir de montrer mon dernier et touché par la confiance de DIAM pour la confiance placée dans mon travail. C’est intéressant de voir le documentaire dans une salle avec des spectateurs parce qu’à chaque fois les réactions sont différentes. C’est super d’être ici.

Vous disiez tout à l’heure que vous avez rencontré 24 personnes qui vous ont confié leurs témoignages. Mais comment avez-vous procédé ?

Au début, j’ai contacté la fondation Endias de Barcelone parce que j’étais en train de faire un court métrage de fiction sur une femme transsexuelle. J’ai rencontré des personnes lors d’un gouter de noël. Il y avait beaucoup de gens et j’ai commencé à parler avec eux. Petit à petit le groupe a grossi jusqu’à 24 personnes et j’ai dit à mon producteur « Il y a au sein de ce groupe une histoire vraiment intéressante et des témoignages que je voudrais réunir dans un film ». Il m’a donné son accord et on l’a fait comme vous l’avez découvert ce soir. Après la télévision en a demandé une version différente avec des images d’archives qui vont venir donner encore plus d’impact au propos des témoignages.

Oh, vous allez adapter et ajouter des choses à cette version pour la télévision ?

Oui pour que ce soit plus vivant et interactif pour la télévision. Au cinéma on se pose et on aime ce côté de découverte. A la télévision c’est très facile de zapper avec la télécommande donc il faut être attractif tout de suite et attraper les téléspectateurs (rires collégiaux).

Votre film « La génération silencieuse » est articulé sous différents thèmes comme la vie des LGBTQI+ sous Franco, la libération, la mort aussi. Est-ce que vous aviez une idée de la trame de votre documentaire où l’avez-vous créée au fil de vos rencontres et des entretiens ?

Au début j’avais mis au point des questions, mais chaque fois que je rencontrais une personne, je changeais les questions et j’adaptais mon questionnaire au fur à mesure. Les entretiens ont duré près de 24h pas facile de tout mettre sur un film de 60min (rires collégiaux). Je trouve d’ailleurs très intéressante la part transsexuelle et je compte faire quelque chose juste sur les femmes transsexuelles.

Donc un nouveau projet qui leur sera dédié ?

Oui, parce qu’elles ont des vies passionnantes mais en même temps vraiment difficiles parce qu’avec la répression Franquiste, avec le contrôle de l’église catholique la majorité se prostituait ou se produisait dans des cabarets et bien plus pour survivre.

Dans votre film apparait un lieu chargé d’histoire. Est-ce que c’est l’ancienne prison « La Modelo » ?

Oui tout à fait, c’est l’ancienne prison de Barcelone. C’est là que cette femme qui raconte était emprisonnée.

Cela dû être un moment très fort quand elle était là-bas et vous a expliqué ce qui s’est passé ?

Oui c’est assez poignant et bizarre en même temps de se retrouver à l’intérieur de la prison. Maintenant elle est fermée et il y a des visites organisées. Comment peut-on imaginer la douleur et la souffrance des anciens prisonniers et surtout de ces femmes transsexuelles ? C’était fort quand elle nous a tous expliqué et on pouvait imaginer les sévices et les conditions de vie quand elle était emprisonnée.

Votre documentaire est très poignant mais contient des petites touches d’humour et surtout d’amour. C’était important pour vous de montrer ces moments de joies ?

Oui, je suis une personne assez optimiste et je voulais que mon projet ait un fond optimiste. C’est vrai qu’il y a des passages vraiment durs mais tous ceux qui ont témoigné avait une attitude positive et je tenais à le montrer.

C’est justement un point très présent lorsqu’ils abordent le moment de la libération. L’espoir nait dans la communauté LGBTQI+

Exactement, avant la loi ils ne se sentaient pas égaux avec les autres, rabaissés. Avec la démocratie, quand ils ne sont plus désignés comme un danger social mais comme tous hommes et toutes femmes, c’est une véritable libération. C’est visible dans les images d’archives mais aussi dans les témoignages.

Et après un autre moment très dur le SIDA.

C’était une partie dont je voulais absolument traiter. Il y a une génération qui a disparu. Comme me le dit l’un des témoins dans l’entretien il a tous ses amis qui ont 10 ans de moins que lui parce que tous ceux de sa génération sont morts emportés par cette terrible maladie du SIDA. Et aussi ces personnes qui disaient que chaque mois il allait au cimetière pour enterrer quelqu’un ce qui est complètement fou.

Vous avez aussi eu le témoignage de cet homme atteint du SIDA mais qui est encore vivant aujourd’hui.

Oui et il a dédié sa vie à la lutte contre le SIDA. Il a fondé une association privée et fait beaucoup pour les personnes qui sont dans sa situation et qui souffre de la maladie. Il est très impressionnant.

Ce qui est impressionnant aussi c’est que vous mettez tous vos témoins sur le même piédestal connu ou inconnu, sans une forme d’identification.

Oui c’était très important pour moi, c’est pour ça que je n’ai pas mis de noms (rires collégiaux). Il y’a beaucoup de gens qui m’ont dit : « Mais pourquoi il n’y a pas de noms » ? C’est pour qu’il n’y ai pas de reconnaissance visible pour donner le même impact à chaque témoignage. Malheureusement pour la version de la télévision je dois mettre les noms.

Vous disiez tout à l’heure au public qu’il va y avoir une projection dans un festival espagnol avec 22 des 24 personnes qui ont témoigné ?

Oui je suis vraiment nerveux (rires). Ce sera la première fois qu’ils verront le film et après il y aura des questions. C’est un mélange de sentiments, j’ai envie de leur montrer et en même temps j’ai un peu peur. J’espère que le film va leur plaire, je crois le doigts (rires).

Quand a-t-il lieu ?

Le samedi 02 juillet ! C’est au festival « La grande bataille » qui est spécialisé personnes âgées.

Quel est le message que vous voulez faire passer ?

On a parlé de cette génération comme la génération du silence mais aussi la génération invisible pour la société. Je pense que les gens ne pensent pas que dans les personnes âgées il y a des LGBTQI+. Mais comme pendant toutes leurs vies ils ont caché leurs conditions aux yeux de la société pour éviter de tomber sous le joug du franquisme.  Je voulais taper du point sur la table pour dire qu’ils existent et qu’ils ont besoin de l’espace et que les personnes des autres générations doivent découvrir leurs histoires.

Des Projets ? 

Oui, je vais faire mon dernier court métrage de ma trilogie. Le premier était sur les gays, le deuxième sur les lesbiennes et le dernier sera sur les transsexuels. J’ai vraiment à coeur de le tourner et j’ai commencé le casting. Mes 3 courts métrages et mon long portent sur les personnes âgés LGBTQI+ alors pourquoi ne pas aborder une autre génération. J’ai plein d’idées (rires collégiaux).

Merci beaucoup Ferran.

Merci à vous Vanessa.

Le festival Des Images Aux Mots 2021 nous a offert de beaux films, de belles rencontres et de beaux débats avec des réalisateurs, acteurs, membres d’une association… Prochain RDV le 4 juillet à partir de 18h30 au cabaret “Le Kalinka” avec un spectacle offert par les artistes, la remise des prix pour les œuvres primées et une dernière opportunité de faire la fête ensemble. On y sera et vous ?

Photos montage article : © YanRB et affiche du film

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