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Coulisses du tournage “Meurtres sur les îles du Frioul” : Valérie Tranier, cheffe maquilleuse

Pour notre semaine spéciale dans les coulisses du tournage de « Meurtres sur les îles du Frioul. Nous vous invitons à découvrir une personne du H.M.C. Mais que veut dire H.M.C ? Pour comprendre et savoir à quoi correspond ce sigle ainsi que l’importance du lieu nous conversons avec Valérie Tranier, la cheffe maquilleuse.

Bonjour Valérie.

Bonjour Vanessa.

Nous sommes dans le H.M.C. Mais dis-moi, que veut dire H.M.C ?

Dans notre jargon cela signifie : Habillage, Maquillage, Coiffure. Sur la feuille de service, notre feuille de route, c’est écrit H.M.C.

Tu es la cheffe maquilleuse sur le tournage de « Meurtres sur les îles du Frioul ». Comment ça se déroule ?

Alors, on fait une préparation qui dure 1h à 1h30 en loge. C’est un petit sas où les comédiens prennent place dans leurs personnages. Le H.M.C c’est un lieu un peu préservé, hors du temps, où ils répètent leurs textes, où ils se rencontrent. Ils racontent des anecdotes. On met de la musique et on danse. C’est très variable selon le tournage et selon chacun. Certains aiment le silence quand d’autres préfèrent communiquer. On essaie que ça se passe le mieux possible. On peut même faire répéter un texte (rires).

Le matin tu maquilles chaque comédien ?

Oui c’est ça. En fait on fait les bases. Puis après tout au long de la journée, on fait des raccords et des changements aussi vu qu’on tourne les scènes dans le désordre. On peut tourner le matin une scène qui a lieu à la fin ou au début du film. Ce n’est pas un maquillage pour la journée. Selon si on a besoin d’y revenir ou pas.

Je t’ai vu tout à l’heure avec Marc le coiffeur regarder l’IPad et vous dire « Ah tiens là, il va falloir que j’intervienne ».

C’est vrai que sur le plateau, on a un retour. Alors que d’habitude on voit par rapport au combo où on n’a pas forcément la place. Là, ils nous ont alloués une petite tablette. Vive la modernité. On regarde nos raccords et on voit ce qui ne va pas à travers l’écran.

Toujours à l’affut ?

Oui il faut. Quand je peux j’aime bien être derrière la caméra pour voir en direct, mais ça c’est plus compliqué et ça dépend des moments. Toute la journée on a ce petit retour pour contrôler l’évolution du maquillage ou de la coiffure.

Hier, tu m’as dit que chaque comédien à sa petite trousse qui lui est dédiée.

En effet, nous avons des petites trousses personnalisées pour chaque comédien. Avec encore plus de protections à cause du covid. Tout est désinfecté et le matériel comme les pinceaux restent dans la trousse de la personne pour ne pas prendre de risque.

Je suppose qu’il y a différentes manières de maquiller ?

Oui en l’occurrence on fait un film plutôt assez naturaliste. Une histoire policière mais en même temps ça se passe dans le sud donc les gens doivent avoir le teint halé. J’ai donc réchauffé les teints. L’un des personnages est censé être malade dans le film mais il ne faut pas qu’on le sente et qu’on le dévoile trop donc on ne joue pas la maladie du tout. Après il y a le personnage de Myra Bitout qui est assez naturelle mais on triche un peu en mettant en valeur ses yeux avec du blush, des petites astuces pour lui donner bonne mine. Puis, on a le personnage de Nathalie Roussel (Fanfan) tenancière d’un restaurant où on accentue un peu le maquillage avec du eyeliner.

Et pour le mort, tu procède comment ?

Alors celui qui meurt est un romancier célèbre, passionné d’Alexandre Dumas. Au début on le voit en romancier puis il va être assassiné. Evidemment je le grime en mort. Ce qui est intéressant c’est que je devais faire un maquillage d’époque car on est sensé suivre la pièce « Le Comte de Monte-Cristo » avec des personnages comme Dantès. A mon niveau j’ai juste fait des salissures puisqu’ils sont censés être en prison depuis des années. C’est plus Marc à la coiffure qui a mis des perruques et une barbe. C’est une petite parenthèse historique qui était très agréable.

Au-delà de ton métier je te sens hyper passionnée par ce que tu vis sur le tournage.

Oui, ce que j’aime dans mon métier c’est l’esprit d’équipe. C’est l’idée de suivre un metteur en scène, de raconter une histoire et d’être à son service. D’être un membre de l’équipe et faire en sorte que ça se passe bien. J’aime mettre les comédiens à l’aise pour leurs rôles et les suivre sur le plateau. Il n’y a pas que le maquillage mais je dirais le côté plus humain d’un tournage.

Tu connaissais la réalisatrice Sylvie Ayme?

Non, c’est la première fois que je travaille avec elle et c’est la bonne surprise. C’est le metteur en scène qui donne le ton. Sylvie est très enthousiaste, elle est précise dans ses indications. Elle a une belle énergie sur le plateau. Tout de suite on a un rythme et tout le monde est au diapason. C’est une très belle surprise tout comme les comédiens qui sont hyper sympathiques.

Il y a vraiment un très bel esprit, comme celui d’une famille.

Oui effectivement. Il y a des personnes qui ont l’habitude de travailler ensemble. J’ai le plaisir d’avoir déjà travaillé avec certains que je croise souvent sur d’autres projets. On se retrouve les uns les autres et c’est vraiment appréciable dans ce métier. Il y a une belle cohésion sur le plateau. Un tournage c’est une aventure comme un voyage en bateau vers l’inconnu. Et puis en général à la fin du film où tu adores les gens où tu les détestes (rires collégiaux). C’est un microcosme. Mais avant tout c’est une aventure humaine qui n’est jamais la même et c’est passionnant.

Oui, il y a un petit moment que tu as commencé.

Oui on peut le dire (rires). J’ai commencé dans le milieu de la mode avec l’idée de faire des films. Cela m’a apporté beaucoup de choses. Je suis passée par la petite porte avec des courts métrages qui m’ont amené à des longs métrages. Je suis passionnée par le cinéma. J’aime raconter des histoires même si ce n’est pas moi qui les raconte (rires). Mais j’adore le cinéma et être portée par l’histoire.

Est-ce qu’il y a des tournages qui t’ont marqué par le lieu, l’histoire ?

Oui j’ai travaillé sur le film « Va, vis et deviens » en Israël. C’est un film très fort et touchant. Avant tout c’est une belle rencontre avec l’actrice Yaël Abecassis que j’adore. Une bonne entente aussi avec l’équipe israélienne.

Il y a tellement de films qui m’ont marqué, comme « Bleu » de Krzysztof Kieslowski. C’était à mes débuts. Après, j’ai fait aussi beaucoup de films avec Manuel Pradal qui n’est plus de ce monde. J’ai vraiment adoré tourné avec lui dans tous ses films. C’était un grand cinéaste.

Ah aussi « Pourquoi pas moi ? » avec mon ami, Stéphane Giusti. Johnny Hallyday en toréro, comment dire, c’est tout simplement mythique.

Tu as vécu des rencontres impressionnantes ?

Je suis toujours impressionnée par les acteurs vu que je les admire. Je trouve qu’ils ont cette force impressionnante de se mettre au service d’un personnage dans des situations parfois extrême. Le froid, le chaud, refaire les prises. Cela m’impressionne toujours. C’est vrai que Juliette Binoche…

Après je n’ai pas envie d’en mettre un plus haut que d’autres. J’ai adoré aussi « La parenthèse enchantée » avec Karin Viard. J’ai adoré faire ce film chorale. L’histoire aussi cette parenthèse enchantée qui parle d’avortement, de la libération de la femme. C’était très fort.

Dernièrement j’ai fait à la Ciotat « L’Atelier » de Laurent Cantet avec Marina Foïs. Elle m’a beaucoup impressionné et Laurent Cantet est un grand monsieur.

J’ai participé aussi à « La Belle époque » même si je n’étais pas cheffe maquilleuse. Vraiment un grand coup de cœur pour ce film et le scénario. Daniel Auteuil et Fanny Ardant sont merveilleux.

Et aussi j’étais sur le tournage de « Gaspard va au Mariage » d’Anthony Cordier. C’est mon deuxième coup de cœur côté scénario. J’ai adoré ce long métrage ainsi que les gens de l’équipe et les comédiens. C’était difficile mais c’était une très jolie histoire. J’ai travaillé sur une quarantaine de films. On peut y passer la journée vu ma passion pour le cinéma (rires collégiaux).

Que dirais-tu à un ou une jeune qui voudrait se lancer pour faire du maquillage sur un film ?

Je lui dirais : « Welcome » ! Je lui expliquerai que ce n’est pas facile. C’est comme un peu tous les intermittents. Quand on fait un film on est à 200% et que la vie de famille c’est un peu compliquée. Il faut savoir si on est prêt à faire ce sacrifice. Mais heureusement on a quand même une vie. C’est une vocation. Il faut avoir le don d’adaptation, être assez ouvert. A chaque fois je me dit que chaque film ce n’est pas la guerre mais on a l’impression de partir au combat.

Tu prends ton sac et tu pars à la découverte ?

Oui c’est ça, il faut aimer l’aventure. C’est génial quand, comme moi, tu aimes voyager. J’ai beaucoup voyagé grâce à mon super métier.

Merci beaucoup Valérie pour toutes ces confidences.

Merci à toi Vanessa.

Voilà je ne sais pas vous mais grâce à Valérie j’ai voyagé et je l’ai imaginé prendre soin des divers acteurs qu’elle a croisé dans sa vie. On vibre à son récit et c’est loin d’être fini. Demain on se retrouve avec deux nouvelles interviews pour notre semaine spéciale dans les coulisses du tournage de « Meurtres sur les îles du Frioul ». Soyez au rendez-vous.

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