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Confidences d’Odile Schmitt Voix d’Eva Longoria et de Tao dans “les mystérieuses cité d’or” au Paris Manga stand Incarnatis

Nous avons décidé cette semaine de rendre hommage à Odile Schmitt cette grande dame du théâtre, du cinéma et du doublage.

Et pour cela voici la retranscription de sa dernière interview que nous avions réalisé au Paris Manga. Elle était présente sur le stand Incarnatis et nous avions eu la chance d’obtenir une entrevue.

Bonjour Odile, nous sommes au Paris Manga. Qu’as-tu pensé de ta journée ?

J’ai pensé que les organisateur étaient super. Que le public était au rendez-vous. Qu’est-ce que ça fait plaisir de voir des gens arrivés avec un énorme sourire. Ils sont ici juste pour nous rencontrer et je trouve cela assez incroyable. Ce n’est quand même pas nous les vedettes ou les stars mais les personnes que nous doublons. Mais c’est toujours très émouvant.

Pour nous c’est important car vous êtes quand même “les femmes et les hommes de l’ombre”.

J’aime pas trop ce terme “de l’ombre” parce que je trouve qu’on a jamais été mis autant en lumière que c’est 10 ou 15 dernières années. Justement par ce genre de manifestation, par la télévision. C’est en plus une discipline de notre métier. Un jour un jeune garçon, lors d’un autre Paris Manga, a qui je disais que nous ne faisons que doubler m’a dit : “Mais non Odile, c’est ta voix qui entre dans notre salon. Et ma mère peut être entrain de repasser mais quand elle entend ta voix elle fait Oh il y a Eva Longoria” !

Comment en es-tu venu au doublage ?

Je tournais beaucoup. On m’avait dit de ne pas faire de doublage parce que c’était une voie de garage. Je m’étais déjà doubler vu que je tournais en anglais. Je m’étais post synchronisais. La post synchronisation c’est quand le son n’est pas bon sur un tournage à cause d’un avion qui passe… Il y a des scènes qu’on est obligé de post synchroniser. C’était ma première approche avec cette discipline. Et un jour, lors d’une post synchronisation il y a l’un de nos grands patrons qui me dit : “Tu veux pas faire du doublage” ? Je lui ai répondu “Heu non merci. Je ne veux pas être sur une voie de garage”. Je l’ai beaucoup vexé. Je suis donc repartie sur mes tournages et au théâtre aussi.

On devait tourner “Guillaume Le Conquérant” mais il y a eu un gros problème dans la production et il m’avait déjà réservé pendant plusieurs semaines. Le producteur me dit  : “Je suis désolée Odile, on t’a bloqué pendant des semaines. Comme le film ne se fera pas, on n’a pas d’argent, on ne pourra pas te payer, mais tu vas aller voir Jacques Barclay et tu lui dit que tu es comédienne et que c’est moi qui t’envoie. Cela te fera un peu récupérer ce que je devais te verser vu que le film ne se fait pas”. Je lui demande ce que c’est et il me répond que c’est du doublage. Je le regarde et dit “Oh non”. Et devant son étonnement je lui explique ma réaction et il me rassure en me disant que les gens veulent garder pour eux cette discipline qui n’est pas du tout un cul de sac.

Je décide donc de m’y rendre dans des studios près de la Place Clichy. Je savais qu’il ne fallait pas rentrer au rouge, vu que j’ai quand même déjà tourné. cette règle là je la connaissais. J’étais entrain de regarder le rouge, j’ai levé la tête et dès que ça c’est éteint j’ai ouvert la porte mais je ne savais pas qu’il y avait une vingtaine de marche en pente. J’ai fait une arrivée fracassante mais dans tous les sens du terme. J’avais super mal, et j’avais juste envie de pleurer. Jacques Barclay me dit : “Oui qu’est-ce que c’est” ? Je lui réponds “Bonjour, je m’appelle Odile Schmitt”.

J’ai fait une arrivée fracassante mais dans tous les sens du terme. J’avais super mal, et j’avais juste envie de pleurer.

Il me dit :”Oui et alors vous faites du bruit quand vous entrez”. Je lui ai répondu que oui. Il voyait bien que j’avais mal. Il ne savait pas d’où je sortais donc il m’a demandé de m’asseoir en me disant qu’il me ferait peut être passer un essai à 18h. je lui fait comprendre qu’il est 14h et que je n’allais pas rester jusqu’à 18h ! Il me répond que si je veux partir tout de suite je peux le faire. Je prends la décision de rester. Il voyait que je me tordais de douleur sur la chaise et il est venu me demander plusieurs si ça allait.

J’ai vu les comédiens travailler. Je me suis rendu compte que c’était super dur. En plus ce n’était que des comédiens connus, que j’avais vu dans des films ou des séries quand j’étais adolescente. Je me suis rendu compte que ce n’étais pas du tout une voie de garage. Les heures passent je me retrouve avec Jacques Barclay et à sa demande je lui explique qui je suis. Il me demande si je suis libre le lendemain à 9h30 pour un essai. Je lui réponds que c’est tôt et il ajoute que c’est la cas mais que ça fait parti du métier. Il m’avait expliqué que c’était pour le doubler un petit garçon. Je me suis présentée le lendemain après m’être entraîner tout la nuit en imitant la voix du gamin des misérables…

Gavroche ?

Oui, dans le métro je disais”Oh c’est la faute à voltaire et les gens me regardaient étrangement. J’ai passé un essai et Jacques m’a dit : “Vous êtes libres pour 39 épisodes” ? Et c’était pour “Les mystérieuses cité d’or”.

La voix de Tao !

Oui et c’est comme ça que cela a commencé et que je n’ai plus jamais quitté cet univers, sans pour cela m’empêcher de tourner ou de jouer au théâtre. J’adore le doublage, on nous donne l’opportunité de jouer des rôles qu’on ne jouera jamais pour de vrai. Mais quand on nous met sur des essais on a toujours un point commun, quelque chose avec les personnes que nous doublons. Par exemple avec Eva Longoria, je croyais avoir inventé la mauvaise fois mais Gabrielle Solis en est la reine (rires). C’est un merveilleux métier, une merveilleuse discipline le doublage.

Connaissiez-vous Eva Longoria avant de lui prêter votre voix ?

J’ai passé un essai sur les feux de l’amour parce qu’elle était dessus. Et en 20 ans de métier je n’avais jamais réussi à être sur une série comme celle-ci. Très difficile à doubler car tout n’est pas très bon en original et il faut qu’on soit crédible. C’était un challenge personnel.

Quand on m’a appelé pour passer l’essai et qu’on m’a dit que je l’avais j’étais super contente et en fait Eva Longoria n’est restée que 4 mois. Mais en fait elle était entrain de commencer à tourner “Desperate Housewives”. On m’a refait passer un essai pour cette série et je l’ai eu et maintenant on ne se quitte plus.

Vous l’avez rencontré ?

Oui, un jour j’ai des amis qui m’appellent et me demande de regarder France 2 car Eva Longoria parlé de moi. J’ai demandé “Quoi, sur le canapé rouge”? Et c’était ça dans l’émission de Michel Drucker. Elle était entrain de dire qu’elle adorait la version française et qu’elle aimait beaucoup aussi la version italienne. D’ailleurs on a des voix un peu similaires. Ensuite Eva Longoria a demandé à me rencontrer.

Waouh c’est elle qui a demandé à vous rencontrer ?

Oui, sur un plateau de tournage de l’Oréal. j’y suis allée. C’est une femme étonnante, généreuse. Elle est à l’écoute des autres, elle a deux associations. Elle s’occupe de permettre à des petites filles d’aller en école en Afrique. Elle a une soeur handicapée et elle a monté pour défendre les intérêts des handicapés et leur apporter de nouveaux matériaux pour faciliter leur vies. Elle a un coeur énorme.

Vous êtes présente aujourd’hui sur le stand Incarnatis. Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet ?

Alors, Incarnatis je ne comprenais rien. Je me suis dit c’est un livre pourquoi ils nous veulent ?  J’y ai été mais au début j’ai été voir mais je n’entendais rien au projet. En plus c’est un très bel univers mais particulier. Puis j’ai rencontré Marc Frachet et Jean Marie Philibert, le compositeur de la musique. Et je me suis dit : “Waouh, ces gens-là, ils n’ont pas d’argent, ils hypothèquent leurs maisons pour pouvoir réaliser des rêves alors qu’ils ont une famille, des enfants.

Ce sont des passionnés.

Oui voila, et je me suis reconnus par la passion en eux. J’ai dit banco ! Je ne sais pas ce que je vais faire, mais je fonce. Après ils m’ont expliqué le projet mais je ne comprenais toujours rien car c’était de manière trop technique. Comme ils sont les premiers à faire de la lecture augmenté, avec une musique composée spécialement pour le livre et des voix etc… Je leur ai dit que pour qu’on arrive à le comprendre il faut avoir une présentation plus simple.

Il faudrait juste dire : “ça c’est un bouquin. Vous pouvez le lire comme un bouquin. Si jamais vous voulez une immersion totale dans le livre, vous avez la musique grâce à un QR-code qui est sublime d’ailleurs. Et si vous voulez entendre les personnages parler , vous avez un autre QR-code qui vous permet de les entendre”. Ils m’ont dit que c’était bon que j’avais compris le concept. Parfois en conférence quand Marc est trop technique, je vois bien qu’on perd les gens, alors que c’est passionnant ce qu’il raconte. J’aime cette bande de passionnés et je leur ai présenté Thierry Desroses, Patrick Poivey et apparemment Benoit Allemane qui est arrivée un peu avant moi et avec qui on a fait le premier tome. On est tous heureux d’être dans cette aventure.

Oui ça se voit en tout cas. je vous remercie beaucoup Odile. Merci beaucoup vraiment de nous avoir accordée une interview.

Avec plaisir et merci à tout les auditeurs toulousains ! Merci et à bientôt.

Difficile de retranscrire l’interview d’une personne qui nous a quitté aujourd’hui mais comme me l’a dit une amie j’ai pu immortaliser sa voix et je peux à loisir me rejouer l’interview dans ma tête. Il y a des personnes qui nous marque et nous donne ce sourire de transmettre leur propos. Odile était de ces êtres qui savent vous captiver de leur voix.

C’est pour cela que cette semaine, et ce dés aujourd’hui, vous découvrirez des témoignages et des instants que des personnes vont nous offrir avec Odile Schmitt.

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