Chamboultout un film surprenant aux multiples émotions en salle le 03 avril
Lors de l’avant première du film Chamboultout nous avons eu le plaisir de rencontrer l’équipe du film. Le réalisateur Eric Lavaine et le duo incroyable Alexandra Lamy et Serge Garcia.
Tous les trois ont répondus à nos questions et celles d’autres journalistes.
Eric Lavaine vous êtes un habitué des comédies. Diriez-vous que votre film est plus une comédie ou un film d’amour ?
Éric : C’est un film d’amour et d’amitié avec des moments très drôle et puis des moments d’émotions comme la vie. Comme c’est tiré d’une histoire vraie je n’ai pas eu à forcer le trait pour qu’il y ai de la comédie. Quand on voit le personnage de José qui est quelqu’un sans filtre et aveugle… Il y a des situations de gags et de comédie qui ne sont pas volontaire. Elles sont juste de la vraie vie. En l’occurrence pour parler de comédie cette nécessité de manger sans arrêt est inspiré d’une personne qui a réellement ça. Par exemple le bruit du plastique c’est réel dès qu’il l’entend il dit “C’est quoi j’en veux” comme dans le film (rires).
Tout est réel ?
Éric : Non, j’ai envie de dire que tous les personnages sont inventés. En fait c’est Barbara une amie qui a sorti un livre et ce bouquin à eu beaucoup de conséquences dans son groupe d’amis. C’est de cela que je me suis inspiré et j’ai gardé les caractéristiques de cette femme et de son mari qui a eu cet accident de scooter. J’ai trouvé cela plus intéressant d’avoir les amis qui vont pinailler sur des détails dans le livre et ne voyant pas le destin incroyable et le courage de cette femme et de cet homme.
Est-ce qu’il y a une volonté de nous faire ressentir comme des Amis ? On voit le personnage d’Alexandra Lamy avoir un amant. C’est voulu de mettre le spectateur en jugeur afin qu’il comprenne le message à la fin ?
Alexandra : Je trouve que c’est bien aussi… C’est le point qui a été important de travailler pour mon personnage. Effectivement quand elle sort ce livre elle a besoin de dire tout ce qu’elle porte, mais c’est aussi une manière de montrer aux autres qu’à travers tout ça elle à besoin d’être aussi une femme et d’avoir quelqu’un. Si elle, elle n’est pas heureuse cela ne marche pas pour les autres car il faut tenir tout le monde. C’est quand même dur de n’être qu’une mère qu’une infirmière. En plus cette femme à l’époque avait 40 ans, 5 enfants… Déjà de trouver un homme qui accepte et qui l’aime vraiment. Nous les avons rencontrés et elle est magnifique leur histoire d’amour. C’est pour cela qu’on parlait d’histoire d’amour. c’est un amour à trois même si c’est un peu étrange.
José : Je comprends que ça fait rêver beaucoup de femmes. Il est là aimant mais il ne voit rien et est à côté de la plaque. Et il y a un deuxième mec très sympa. C’est un peu le bassin méditerranéen avec d’un côté l’Islande et de l’autre le Portugal l’exotisme (rires collégiales). Mais oui c’est la communauté européenne, amusons nous !
Alexandra : Non mais c’est une femme qui ne quittera jamais son mari et c’est magnifique aussi parce qu’elle l’aime.
Éric : Pour répondre à la question, il n’y a pas de morale dans le film. Dans la vie, et c’est ma doctrine, chacun fait ce qu’il peut en essayant de ne pas faire de peine autour de soi.
On a l’impression que pour son mari elle ressent un amour dévouement. pensez-vous que ce soit la même chose pour le personnage de Bernard joué par Nuno Lopes ?
Alexandra : Non c’est des amours différents. J’en ai discuté avec Barbara et elle m’a dit “c’est vrai que quand le drame frappe à 40 ans, en plus avec 5 enfants c’est bien de pouvoir en parler le soir à quelqu’un.” On doit se sentir un peu seul de tout devoir porter sur ses épaules. D’ailleurs le casting pour Bernard a été complexe car il fallait quelqu’un qu’on sente que ce n’est pas seulement sexuel entre les deux personnages. Quelqu’un qui puisse l’aider et la soutenir. C’est un amour très fort et puis c’est une femme avant tout et comme avec son mari ça ne fonctionne pas elle a besoin d’être femme (rires). Les hommes ont des besoins mais les femmes aussi un petit peu (rires collégiales).
José pour jouer le rôle de Frédéric vous vous êtes inspirés de quelqu’un ?
José : Non ça a été une discussion avec Éric au début. Mon personnage ne sait pas ce qui lui est arrivé. Les autres voit son handicap autour de lui mais Frédéric n’en a pas conscience. Il sent juste parfois qu’il est en décalage avec ce qui se passe ou ce qui est dit. Et quand je suis avec ma fille je lui dit ” j’ai envie que tu sois fière de moi parce que je sens que je n’y arrive pas”. Il y a des choses toutes basiques où on comprends qu’on a pas la capacité. Mais c’est comme dans la vie quand les années passent (rires). On monte les escaliers quatre à quatre et ça fait un peu mal (rires).
Justement comment avez vous fait pour avoir ce regard inexpressif tout au long du film sans cligner des yeux ? J’ai essayé de ne pas vous lâcher du regard (rires collégiales)…
Éric : Tu avais raison José. Les gens regardent les yeux d’un aveugle comme les mains lorsqu’on joue au piano (rires)
José : Je suis venu voir tous mes camarades. Je leur ai dit “Je ne vais pas pouvoir être le bon camarade que je suis d’habitude sur un film”. Et c’est bien dommage car il y avait vraiment une bonne équipe et pas des moindres comme le Capitaine du bateau (Eric Lavaine). J’ai ajouté “Quand on interprète un non voyant les gens ne vous quittent pas du regard pour voir quand vous allez lâcher. Et si jamais je lâche ne serait ce qu’une seconde on perd le spectateur pendant deux ou trois scènes au moins. C’est donc très difficile de refaire croire à une situation.” J’ai été obligé de me mettre dans un coin et de rester avec ce regard, un peu quelque chose comme de l’hypnose. Vous restez impassible et même si la lumière passe, si il y a un changement ou une mouche, enfin n’importe quoi, rien ne vous touche. Vous ne sourcillez pas et vous n’êtes jamais distrait par le moindre mouvement. Vous devez garder ce traumatisme dans le regard.
Une gestuelle très tactile aussi ?
José : En fait un non voyant même de naissance voit toujours des formes une lueur. Il n’est pas dans le noir total. Et c’est dur pour eux car les gens ne perçoivent pas leur handicap il doivent souvent s’alourdir d’une canne pour interpeller. Je peux vous dire que quand je prend le whooper un non voyant le sens tout de suite. J’ai travailler avec Dominique, le directeur du théâtre des Bouffes parisiens, qui se déplace dans son théâtre comme s’il était voyant. Il se promène il dit bonjour aux membres du personnel alors que la personne n’a pas parlé mais il sent leurs parfums. C’est vraiment impressionnant. Le plus dur c’est l’extérieur. Prenons par exemple le fait de traverser la rue tout droit. Avec les bruits, les odeurs, la chaleur, les obstacles c’est très difficile vous risquez de partir dans tout les sens. alors pour aller tout droit vous utilisez tous vos sens. C’est un monde extraordinaire et fascinant. Il faut être très courageux quand on est non-voyant.
Il y a de très beaux moments avec les enfants qui ne sont que 3 dans le film au lieu de 5 dans la réalité. Le rapport familial est le même que dans le film ?
Éric : Dans le film il n’y a que 3 enfants. Travailler avec des enfants on sait ce que c’est (rires). Toi tu as joué avec des cochons c’est encore plus dur ?
José : Moi ? Avec des cochons et des enfants (rires). je suis le spécialiste des enfants, j’ai une grande patience (rires)
Éric : Le rapport familial est quasiment le même. Les enfants sont plus que bons et gentils avec leur père. Il est aveugle mais il les fait jouer au tennis à l’oreille. Les enfants sont tous sympa même la fille aînée sauf qu’ils font payer cette situation à leur mère. C’est vraiment une double peine ! Ils sont adorables avec leur père et exécrables avec leur mère. Ce n’est pas un film sur les enfants mais c’était important de montrer le côté très tactile. Surtout José avec son petit dernier… comment il s’appelle dans le film déjà ?
Alexandra : Matteo (rires)
Éric : Ah oui c’est vrai il faut que j’aille le voir absolument ce film (rires) ! Non sérieusement Matteo a de très beaux cheveux bouclés et José recherche ce contact tactile tout comme avec sa soeur.
José : Oui tout ce qui peut me donner une information sur la personne. Surtout que ma soeur Bérengère je la voit très peu.
Alexandra : Oui c’est très dur surtout la scène où elle refuse de le retrouver.
Éric : Dans la vrai vie c’est pareil. Quand quelqu’un est atteint d’un cancer ou autre des personnes ne peuvent pas s’y résoudre.
Éric avez-vous tout de suite pensé à Alexandra et José pour interpréter les personnages de Béatrice et Frédéric ?
Éric : Je cherchais “ma Béatrice” et j’étais au Festival d’Alpes d’huez où je regardais “Tout le monde debout” et des personnes proches de moi m’ont dit “Ne cherches plus c’est Alexandra qu’il te faut”. Pour José c’était une évidence mais j’avais déjà essuyé des refus de sa part et là miracle il a dit oui (rires).
Et vous Alexandra et José quel a été votre réaction quand vous avez lu le scénario?
Alexandra : J’ai dit oui tout de suite. Le scénario cette femme courage qui relève chaque jour des défis. J’ai adhérer tout de suite à l’histoire et la connexion avec la vie de Barbara.
José : C’était pour moi un challenge. j’avais refusé plusieurs propositions d’Éric et là c’est vraiment un rôle avec un incroyable défi à relever.
Éric : Tu m’étonnes, j’ai mis la barre très haute pour que tu ne refuses pas une énième fois (rires).
Il y a plusieurs différentes réactions des amis et de l’entourage à l’handicap de Frédéric. Quel est le comportement a adopter face à ce handicap ?
José : Alors on ne traite pas le handicap. En fait ce qui est intéressant c’est la position sociale de chaque individu. Là où ça commence à être le “chamboultout”, c’est quand le livre sort. Le livre représente l’image des uns vis à vis des autres, comment on vit une situation. Eric a souvent dit “Telle personne est comme ça on la connait” et l’autre il répond “Comment ça tu me connais ça veut dire quoi” ?
Éric : Oh bah non (rires) Cela veut dire que je suis radin ? Je ne savais pas çà (rires)
José : Mais c’est ça, quelle est la manière de ce comporter avec les autres ? Une qui a besoin d’exister alors qu’elle n’a pas vraiment d’existence. Elle va a son club de gym et puis tout d’un coup elle veut prendre le devant. Vous savez on voit ça dans toutes les familles, dans tout les groupes d’amis quand les enfants arrivent. Il y a une du groupe qui sait mieux élever les enfants que l’autre (rires collégial). Après l’autre qui donnent des idées à machine. Et puis il y en a deux qui se retrouvent complètement sur l’éducation des enfants et une qui est un peu larguée car elle passe tout à ses enfants. Vous voyez comment des familles se défont et se recomposent quand les années passent et après les divorces. Quand les enfants sont partis et qu’on se retrouve dans les quadragénaire..
Éric : Heu plus quinqua..
Alexandra : oui, quinquagénaire !
José : Non, toi et moi on s’est marié très jeune (rires collégial). On se retrouve dans une situation où tout d’un coup elle est mère courage, elle a une fonction et ses amis viendraient presque à l’envier. Disant qu’elle a de la chance avec une maison, un mec des enfants. Et le bouquin est génial, quand vous parlez d’un ami vous faites un portrait, quelque fois c’est un peu délicat surtout quand vous changer les noms.
Alexandra : C’est marrant aussi comment chacun se voit. Ils y en a qui se plantent complètement (rires).
Quelles sont les scènes les plus difficiles à tourner ?
Éric : C’est celle où ils sont 10 ou 12 personnages dans la scène. C’est là l’importance de la camaraderie entre tous. Quand vous filmez un personnage et que les autres sont souvent au second plan mais existent. Ils peuvent continuer à jouer les choses à vivre. Et quand tout le monde s’aime c’est beaucoup plus facile. Lors du tournage mais aussi du montage car on passe quand même 12 minutes à table c’est beaucoup. Mais là il y a un bon équilibre. Enfin moi j’ai vu le film je trouve ça super bien (rires collégial).
Justement pendant le tournage vous étiez toujours ensemble, en quelque sortes “une bande de potes” ?
Éric : Alors moi je peux rien dire (rires)
José : Il y avait un groupe de tête. Mais moi malheureusement je ne pouvais pas être comme d’habitude, raconter mes blagues, en faire, toujours chercher la connerie..
Éric : Eventuellement prendre un petit verre en fin de soirée au minimum…
José : Même pas je devais rester dans mon coin.
Alexandra : Alors que nous ça nous a aidé (rires). Non mais l’air de rien ça a servi pour le tournage qu’on soit tous réunis. Pour la scène avec Olivia quand elle fait l’invitation pour Bernard. Le fait d’être en tournée en province on se retrouve tous, on sort moins du film. Nous les filles… Bon les garçons aussi mais les filles ont été une bande et ça nous a aidé à créer ce lien d’amitié. Je connaissais Anne mais pas les autres. Et c’est vrai que la scène ou Olivia organise ma soirée avec Bernard a été très facile car il y avait ce lien d’amitié avec les jours de tournage et les soirées.
La musique a une place dans le film surtout celle de Michel Berger “Tu es ma lumière du jour”.
Alexandra : celle là c’est toi qui l’a écrite (rires collégial) !
Éric : Non mais c’est vrai qu’elle correspond parfaitement au film. Ce sont deux filles qui s’occupent de la composition musicale qui m’ont proposé ce titre. Je connais très bien les chansons de Michel Berger mais ce titre non. Elle est dingue ! On n’a pas changé les paroles avec José.
José : C’est très difficile à chanter.
Alexandra : Oh oui un enfer (rires). On a fait une présentation à Metz et on nous a remis les paroles de la chanson à la fin on a commencé à chanter et on s’est vite arrêter (rires).
Éric : On dit que plusieurs personnes qui chantent faux à l’unisson comme dans un stade ça sort juste, mais là non (rires).
Voilà, notre conseil courrez-y c’est un film où l’on passe d’une émotion à une autre en une fraction de seconde et comme le dit si bien José Garcia “Rions de tout avec tout le monde. Le rire est une des plus importante liberté que nous avons”.