Toulouse installe un barrage flottant pour freiner la pollution plastique dans la Garonne
À Toulouse, la lutte contre la pollution plastique franchit un nouveau cap. La start-up Plastic Vortex a installé un barrage flottant sur la Garonne pour intercepter les déchets avant qu’ils ne rejoignent l’océan. Ce dispositif expérimental, unique en Occitanie, vise à collecter plusieurs tonnes de plastiques chaque année tout en sensibilisant les habitants à la préservation du fleuve. Un projet local ambitieux, symbole d’une prise de conscience écologique grandissante dans la Ville Rose.
Toulouse expérimente un dispositif innovant : un barrage flottant conçu pour intercepter les déchets plastiques qui dérivent dans la Garonne, avant qu’ils ne rejoignent l’océan. Cette initiative, portée par la start-up toulousaine Plastic Vortex, vise à lutter à la source contre la pollution des cours d’eau — un défi écologique majeur à l’échelle locale comme planétaire.
Le constat : les fleuves comme autoroutes des déchets
Chaque année, des millions de tonnes de déchets plastiques prennent la voie des fleuves pour atteindre les mers. En France, une fraction non négligeable de ces déchets vient des cours d’eau qui drainent les zones urbaines. Pour agir efficacement, il faut intervenir en amont, avant que le plastique ne se disperse dans l’océan.
C’est dans ce contexte que s’inscrit Plastic Vortex, une société à mission créée pour concevoir des solutions de captation de plastique dans les cours d’eau.
Le dispositif toulousain : comment ça marche ?
Emplacement & installation : le barrage a été arrimé côté rive droite au pont d’Ancely, et de l’autre côté, à 150 m plus bas, au pont de Blagnac dans le secteur des Sept-Deniers. Il traverse la Garonne en diagonale, de sorte à orienter les déchets flottants vers un point de collecte.

Structure & fonctionnement : le barrage est formé d’une bande de caoutchouc immergée sur 40 cm (jupe) et supportée par des flotteurs de chaque côté. Il est fixé par un câble en acier aux rives, et conçu pour résister aux crues (il peut s’ouvrir si le niveau d’eau monte trop).
Les déchets interceptés, comme bouteilles, sacs plastiques, canettes ou mégots, sont guidés par le courant vers un convoyeur automatique qui les remonte vers une benne sur la berge.
La benne a une capacité de 12 m³ (ou plus selon les modèles) et est surveillée à distance via capteurs, caméras, et système de contrôle extranet.
Une fois les déchets extraits, ils sont triés par typologie : les éléments naturels comme bois ou algues sont remis dans le cours d’eau, les matières plastiques et autres sont dirigées vers des filières de valorisation ou recyclage.
Capacité estimée & efficacité : pour ce démonstrateur toulousain, l’objectif est de capter environ 8 tonnes de plastique par an, soit l’équivalent de 425 000 bouteilles. Le dispositif est conçu pour intercepter jusqu’à 80 % des déchets flottants à la surface du fleuve.
Le système se veut discret, peu énergivore, et minimalement intrusif : il ne gêne pas la navigation légère (kayaks, canoës), et laisse passer la faune aquatique.

Un enjeu territorial (et national)
Cette installation toulousaine est un projet pilote, fruit de l’expérimentation. Elle a été lancée fin septembre 2025. Si le bilan s’avère positif, Plastic Vortex prévoit d’installer 31 barrages stratégiques en France, couvrant 90 % du territoire. Ce réseau pourrait capturer jusqu’à 175 tonnes de plastiques chaque année, soit l’équivalent de 9 millions de bouteilles.
Cette approche locale s’inscrit dans une vision globale : agir sur les cours d’eau pour éviter la dispersion des déchets en mer.
Le dispositif ciblant les macrodéchets (taille supérieure à quelques millimètres), il ne traite pas les microplastiques invisibles ou dissous qui se dispersent dans l’eau. L’installation doit être suffisamment robuste pour résister aux crues, aux variations de débit ou aux conditions extrêmes. Cela implique des mécanismes de retrait ou d’ouverture en cas de montée d’eau.
Le coût de maintenance, de surveillance et de gestion (vidage, tri, valorisation) reste un défi. Il faut démontrer que l’opération reste rentable ou au moins soutenable pour les collectivités.
Pour qu’un barrage soit efficace, il faut que les citoyens, associations et collectivités réduisent aussi la production de déchets plastiques.
Il faudra observer les performances sur une période assez longue pour étudier l’impact réel sur la pollution en aval et l’adoption à grande échelle.