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Entrevue de l’équipe du film “La Revanche des Crevettes Pailletées” : Avec le réalisateur Cédric Le Gallo et les acteurs Nicolas Gob, Roland Menou ainsi que Bilal El Atreby au Cinéma VEO de Colomiers

Lors de la tournée du film « La Revanche des Crevettes Pailletées » l’équipe – composée du réalisateur Cédric Le Gallo et des acteurs Nicolas Gob, Roland Menou et Bilal El Atreby, fraîchement arrivé au casting – a fait escale au cinéma VEO Grand Central de Colomiers.

Bonsoir Cédric, vous êtes actuellement en tournée pour présenter la suite du film « Les Crevettes pailletées ». Comment vivez-vous ce tour de France ? Et votre arrêt près de Toulouse à Colomiers ?

Cédric : On est content de revoir des gens à visage découvert ! Quand on a commencé la tournée, les gens étaient masqués. Cela fait très plaisir de voir des salles pleines de sourire et de gens émus. C’est vraiment une chance d’avoir un rendu direct du public, de pouvoir partager et répondre aux questions.

Vous êtes bien accompagné ce soir.

Cédric : Très bien accompagné même (rires). J’ai à mes côtés Roland Menou, Nicolas Gob et Bilal El Atreby. En tant que réalisateur, c’est le moment où je peux enfin me détendre sans pression. Je peux enfin rire avec eux ! Sur le tournage ce n’est pas possible, même si on les voit s’amuser. On a plein de choses à gérer comme l’équipe technique, la pression, le temps qui file et la météo. Surtout, la météo pour ce film. La tournée à côté, c’est vraiment les vacances…

Roland : La récompense !

Cédric : Oui, une belle récompense.

Roland et Nicolas, vous retrouvez vos rôles respectifs avec des petits changements. Surtout vous Nicolas car Matthias au début était homophobe, ne cherchait pas à comprendre… Et là il casse les codes et montre sa sensibilité profonde !

Nicolas : Vous avez bien cerné mon personnage et répondu à ma place (rires collégiaux). Oui, c’est ça c’est un peu le parcours initiatique du public. Dans le premier, Matthias est plongé dans un milieu qu’il ne connaît pas. Dans le second, même s’il n’en connaît pas tous les rouages il a accepté cet univers. Il est plus ouvert.

Bilal : Il a toujours la même maladresse, mais sans la mauvaise intention.

Nicolas : Exactement, je pense qu’il est devenu leur ami et que l’équipe l’a accepté.

Roland : Tu es mon super ami dans le second. On s’entend très bien.

Nicolas : Comme dans la vie.

Il y a des moments de confidences et de sagesse où vos personnages sont accoudés au bar. La révélation du couple. Accepter la différence de milieu.

Roland : Sa vie de couple avec Bram (Benoît Maréchal) se passe très bien, mais comme Joël est un peu orgueilleux, militant et très « de gauche », ils ne souhaitent pas parler de sa relation. Qu’on ne dise pas qu’il a un peu « retourné sa veste ». D’ailleurs, Joël va la retourner à nouveau face à l’adversité en Russie. Il va retrouver ses convictions.

Vous distillez beaucoup d’humour, tout comme dans le premier. On sent pourtant ce deuxième opus plus engagé, notamment par le personnage de Fred, interprété magistralement par Romain Brau, qui s’affirme encore plus en femme et veut séduire Matthias.

Cédric : Oui. Le fait de faire un deuxième volet permet d’aller un peu plus en profondeur dans chacune de leur histoire personnelle. Car c’est un film choral, ils sont assez nombreux. L’avantage d’une suite, c’est qu’on connaît déjà les personnages, on gagne du temps. En plus, on s’est amusé à mettre à chacun des secrets qu’ils cachent aux autres (comme la relation de couple). Chacun à un secret avec un enjeu propre, en plus de celui en équipe face à l’adversité en Russie. Cela nous a permis de générer de l’humour, du suspense.

Cédric : Par rapport au personnage de Fred, cela rentre dans la partie des enjeux individuels. C’est une femme transgenre qui se rend compte que malgré toute sa flamboyance et sa grande assurance, elle a encore du mal à faire oublier le passé.

L’équipe des crevettes pailletées voit l’apparition d’un petit nouveau…

Cédric : Oui, Bilal El Atreby, comme vous avez pu le remarquer, qui est un excellent acteur. Et pourtant, c’est son premier long métrage !

Bilal : C’est moi le petit nouveau (rires) ! Celui a qui personne ne parle (rires collégiaux) ! Dans l’avion, Sélim se rend compte que sa vision et celle du coach ne sont pas du tout raccord. Il souhaite participer à une compétition internationale pour se faire remarquer par l’équipe de France de Waterpolo, et se retrouve face à beaucoup de paillettes et de fantaisies. Pas les physiques classiques du sport ! Là, il y a un premier « tilt ». Matthias lui explique que c’est une équipe essentiellement gay, et là, mon personnage voit rouge. Il se laisse tenter par la proposition de Matthias, mais il n’est pas du tout serein et on sent qu’il peut faire machine arrière à tout moment.

Un autre personnage fait son apparition : Sasha alias Oleksandr Ivanov. Le duo qu’il forme à un moment donné avec votre personnage Bilal est touchant.

Cédric : Oui, il y a un effet miroir entre ces deux personnages.

Bilal : Il faut savoir qu’il y avait très peu de gens en Ukraine qui parlent français. Oleksandr était là, tous les jours même lorsqu’il ne tournait pas. Il servait de lien avec les équipes et faisait tomber les barrières de la langue. C’était une énorme charge de travail pour lui. Il nous a été d’une grande aide. Le tournage a eu lieu en Ukraine. Vu le contexte actuel, Oleksandr a eu la chance de pouvoir nous rejoindre à Paris contrairement à la majorité de l’équipe que ce soit technique ou artistique. Ils sont encore sur place et ont pris les armes pour défendre leur pays.

Oui, l’actualité a bien changé depuis le tournage.

Roland : Cela fait un an, jour pour jour.

Dans le film, on parle de centres spéciaux. Des membres de l’équipe ont fait une bêtise. L’un d’eux pense qu’ils sont là pour une raison alors que c’est tout autre. Ils apprennent même que des personnes sont venus de leur plein gré. C’était important de montrer que ces centres existent en Russie ?

Cédric : Oui, en Russie ce n’est pas interdit d’être homosexuel, mais le gouvernement ne facilite pas la vie. Il y a des lois comme celle de l’anti-propagande LGBT. Derrière ce titre pompeux se cache une réalité toute simple. Le fait d’embrasser son copain dans la rue ou de lui tenir la main est interdit. C’est interdit de vivre son homosexualité au grand jour, car pour Poutine et son gouvernement c’est de la propagande. On évoque aussi les thérapies de reconversion, mais ça ce n’est pas propre à la Russie. Il y en a absolument partout dans le monde, même en France. Cela a été interdit dans notre pays seulement le mois dernier ! Aux Etats-Unis, ces centres ont pignon sur rue. Ce sont des entreprises qui font des bénéfices et de la publicité à la télévision. C’est pareil en Chine et dans d’autres pays. Il ne s’agissait pas de taper que sur la Russie, mais ce pays catalyse en tout cas cette homophobie. Quand les lois sont homophobes, les gens le sont aussi. On voit dans les sondages que la population russe est beaucoup plus homophobe aujourd’hui qu’il y a 10 ans. De la même manière en France, il y a beaucoup plus de tolérance depuis qu’on a voté le mariage pour tous.

Un film comme celui-ci peut éveiller les consciences ?

Cédric : On espère car c’est le but. Je crois que la comédie permet de toucher un plus grand nombre de gens puisque la promesse du divertissement est au rendez-vous. C’était notre objectif. Il y a des séquences qui sont très drôles et d’autres plus engagées. Pour autant, l’idée est de ne jamais asséner un discours ou de donner des leçons. On fait passer des idées, des messages grâce à la comédie et aux personnages. Ils sont tous relativement sympathiques. On a envie de les connaître, d’en être proche ou complice. De partir en vacances avec eux !

Bilal : Je pense que le premier servait déjà à éveiller les consciences via le personnage de Matthias.

Une véritable ouverture d’esprit.

Bilal : Oui, le second est une invitation à devenir un allié dans la parole et dans les actes. Toujours par rapport au personnage de Nicolas, on doit aller plus loin et ne pas laisser les choses se produire sans réagir. Prendre position. Dans le premier, on visibilise et on tente de comprendre des choses. Dans ce deuxième film, on prend parti et on diffuse l’information.

Nicolas : On devient un vecteur.

Bilal : Absolument.

Matthias tombe deux fois dans l’eau dont dans un lac. L’eau était froide, Nicolas ?

Nicolas : Oh oui, l’eau était très froide ! 1°C je crois.

C’était compliqué pour jouer et pour tourner ?

Nicolas : J’étais dans l’eau, d’accord, mais on était tous dans le même bateau.

Roland : Ah non, tu étais vraiment dans l’eau. Pas nous !

Nicolas : Ce que je veux dire, c’est qu’on avait des combinaisons et que pour l’équipe à l’extérieur ce n’était pas évident non plus. On était très bien entouré.

Bilal : Souviens-toi que c’était difficile !

Nicolas : Oui, c’est vrai ! Mais la scène a été tournée en deux temps, sur la glace et sous la glace, cette fois-ci en piscine. J’ai trouvé la scène sous la glace plus difficile et anxiogène. Il fallait nager dans la piscine sous un plexiglass. Le lac, ce n’était pas insurmontable dès que la scène était finie des gens nous apportait des serviettes et des bouillottes.

Est-ce qu’il y a une scène qui était plus difficile ? Comme courir dans la neige par exemple ?

Cédric : Je me souviens que Nicolas – qui est un grand sportif – a eu du mal avec la scène sur le tarmac.

Nicolas : C’était très difficile et très dur physiquement, pour nous tous.

Roland : Toutes les courses dans la neige étaient hyper dures, notamment, c’est vrai, celle du tarmac où on s’enfonçait de quelques centimètres. C’était hyper essoufflant.

Des moments de rires aussi ?

Roland : Alors, pas dans la neige (rires collégiaux). On avait plus de temps pour rire quand nous étions Romain, Nicolas et moi. Notamment une scène ou Nicolas au lieu de dire « Fred » à Romain dit « Fraise » (rires collégiaux) tout en continuant de jouer, comme si tout était normal. Et moi j’en rajoutais : « Vas-y, Fraise excuses-toi ! ».

Cédric : En plus, ça lui va bien (rires collégiaux), fruité et coloré ! Pour revenir à votre question, c’est la scène de la lutte en termes de comédie qui est vraiment super. Les comédiens ukrainiens sont extrêmement précis dans leur jeu. Ils sont très drôles, très à l’écoute. Les acteurs français ont eu beaucoup de plaisir à tourner avec eux. Il y a le lutteur qui était très impressionnant physiquement. Alors qu’il faisait très froid à l’intérieur, son corps fumait (rires) ! On a l’impression que c’est un effet spécial tellement son corps entier fume. Cela m’a fait beaucoup rire !

Bilal : Et la scène est vraiment très drôle !

Cédric : Complètement, c’est très agréable de voir qu’une scène qu’on a imaginé fonctionne tout de suite.

Parlons maintenant musique, qui fait partie de l’ADN des deux opus des Crevettes. Plus particulièrement du moment où Fred s’assoit devant le piano et entonne une chanson qui ravit et touche le cœur, aussi bien celui du public que celui du personnage de Matthias. Comment avez-vous mis en place cette scène ?

Cédric : Cette chanson permettait de lier tous les personnages. Car ils sont chacun assez divisés à cet endroit du film. L’équipe est complètement éclatée à ce moment. Émotionnellement mais aussi physiquement. Ce titre peut sembler sur le fil, assez étrange d’utilisation à cet instant. On est au pire moment du film, tout semble foutu et Romain se met au piano pour chanter. Et là, ça fonctionne.

Roland : C’est assez classique, comme dans « Pretty woman » quand Julia Robert essaye les différentes tenues. C’est la séquence musicale du film qui permet de faire un point sur chacun des personnages. J’aime beaucoup ce moment aussi.

Et dans ce second volet, tout le monde se prête à chanter même Nicolas ?

Bilal : C’est le meilleur chanteur.

Nicolas : Cela va vous paraître improbable, mais quand j’étais plus jeune j’ai fait un album de RnB de 12 chansons.

Roland : Pardon ?

Nicolas : Je vous jure que c’est vrai (rires collégiaux) !

Cédric : Est-ce qu’on peut voir des clips ?

Nicolas : Non !

Bilal : On peut l’écouter au moins ?

Nicolas : Il existe sûrement encore quelque part mais où (rires) ? Je sais chanter, car j’ai pris dans le passé des cours de chant en Belgique dans mon école de théâtre. Pour le film, j’ai adoré ce moment au studio quand on a enregistré tous ensemble. C’était génial et jouissif.

Bilal : Non, c’était horrible (rires collégiaux).

Nicolas : C’est vrai que tu n’as pas aimé.

Roland : Tu es bon en claquette Bilal, mais pas en chant (rires collégiaux).

Merci beaucoup en tout cas pour cette bouffée de fraîcheur et de rire que vous nous apportez dans le contexte actuel. J’espère que les gens seront au rendez-vous pour la sortie dans les salles le mercredi 13 avril.

Tous : Merci beaucoup Vanessa.

SORTIE IMMINENTE

Ne manquez pas ce mercredi 13 avril la sortie du film « La revanche des crevettes pailletées » réalisé par Cédric Le Gallo et Maxime Govare avec Nicolas Gob, Bilal El Atreby, Roland Menou mais aussi Romain Brau, Michaël Abiteboul, David Baiot, Romain Lancry, Geoffrey Couët et bien d’autres. Un bon moment de partage, de rire mais aussi de questionnement et de positionnement.

SYNOPSIS

Alors qu’elles sont en route pour les Gay Games de Tokyo, les Crevettes Pailletées ratent leur correspondance et se retrouvent coincées au fin fond de la Russie, dans une région particulièrement homophobe…

CINEMA VEO GRAND CENTRAL COLOMIERS

Le cinéma VEO Grand Central de Colomiers a programmé à partir du 13 avril des projections du film « La revanche des crevettes pailletées ». N’hésitez pas à vous rendre sur le site officiel du Cinéma VEO de Colomiers pour toutes informations (horaire, tarif…).

« La revanche des crevettes pailletées : une suite haute en couleur et férocement militante » !

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