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Confidences de la talentueuse jazzwoman Cecil L. Recchia, en ouverture du 1er festival Jazz Ô Palais à Albi ce jeudi 02 septembre

Le jeudi 02 septembre le 1er festival Jazz Ô Palais à Albi va ouvrir ses portes et ce jusqu’au samedi 04 septembre. Pour cette première soirée l’ouverture est confiée au groupe Delgrès et Cecil L. Recchia. Cette dernière a hâte de venir rencontrer le public albigeois. Elle nous a accordé une petite entrevue.

Bonjour Cecil, J’imagine votre plaisir et votre joie depuis quelques semaines de retrouver ce lien avec le public en concert.

Oui, bien sûr ça nous a profondément manqué. C’est une période qui a été accompagnée de beaucoup d’incertitudes et c’est toujours le cas. On ne sait pas trop ce qui va se passer, mais ça fait beaucoup de bien de retrouver la scène et le public.

Vous êtes accompagné de musiciens que vous connaissez très bien. Comment avez-vous préparé votre retour à la scène ?

Oui, je me produis en quintet avec Piano, contrebasse, batterie, trompette et bien sur je suis au chant. En effet, on se connait bien et on n’a pas eu besoin de faire beaucoup de répétitions parce que c’est un album qu’on a enregistré ensemble. Dès sa sortie, C’est un répertoire avec lequel on a beaucoup tourné sur pas mal de scènes et de festivals. Là, en termes de répétitions ça n’a pas posé de problème parce qu’on a toujours un grand plaisir à jouer ce répertoire.

Si on revient en arrière, il y a eu un premier album hommage « Songs of the Tree » qui vous tenez vraiment à cœur.

Tout à fait, c’était un premier album qu’on a dédié à Ahmad Jamal qui est un pianiste toujours en activité. C’est un vieux monsieur maintenant, mais c’est un personnage important de l’histoire et de la scène jazz. C’était une 1ère pierre à l’édifice qui a été importante. C’est aussi le début de ma collaboration avec le batteur David Grebil qui joue également sur le deuxième et le troisième album que je viens d’enregistrer. Il n’est pas juste batteur dans le groupe, c’est aussi le directeur artistique. C’est vraiment mon binôme. Le premier album est important vu que cela donne une belle collaboration artistique entre nous.

Une vraie fusion ?

Complètement, on est très complémentaire. C’est bien de travailler avec quelqu’un qui n’est pas chanteur mais batteur qui insuffle d’autres idées auxquelles je n’aurai pas pensé. Un vrai travail de collaborations où les idées se montent à deux en fédérant d’autres musiciens autour de nous pour donner vie aux projets. Entre guillemets, « S’il n’était pas là, je n’y serai pas non plus ».

Un binôme soudé. Il y a donc le second album « The Gumbo » avec l’influence du jazz de La Nouvelle Orléans très marquée.

En fait, « The Gumbo » c’est exclusivement La Nouvelle Orléans. En général, on axe notre travail autour des explorations des rythmes et de la voix qui sont les deux premiers instruments. La batterie est née avec le jazz et complètement parfaitement la voix. « The Gumbo » nous a emmené à La Nouvelle Orléans pour beaucoup de raisons. Une des principales c’est qu’en 2018 on fêtait le tricentenaire de La Nouvelle Orléans. En plus la plupart des batteurs d’Ahmad Jamal sont issus de là-bas. On a été puiser dans ce répertoire pour le réactualiser, réarranger un bon nombre de morceaux puisque l’essentiel sont des standards de La Nouvelle Orléans. Un réel travail de recherches et de réarrangements pour en proposer une vision un peu nouvelle et actuelle, enfin on l’espère.

Je confirme qu’il y a une pulsation différente et une rythmique qui donne un côté plus joyeux.

Tout à fait, c’est ce qu’on cherchait à amener. Le répertoire de La Nouvelle Orléans est assez varié avec des musiques de Mardi gras, de parades, de carnavals. Il y a des parades funéraires aussi. Mais c’est vrai que dans l’inconscient collectif, « La nouvelle Orléans » peut parfois être connoté avec une musique un peu désuète ou alors musique de fête mais ce n’est pas que ça non plus. On avait envie d’apporter notre pâte pour revisiter ce répertoire. Il y a deux morceaux pour lesquels j’ai écrits les textes aussi, ce que j’avais déjà fait sur le premier album. Il y a un vrai travail créatif. On n’avait pas envie d’un traitement fanfare ou classique car cela n’avait pas de sens pour nous d’agir ainsi. Je suis contente que vous parliez de pulsation parce que c’est le cœur de notre travail. Je suis ravie que vous l’ayez perçu.

Ça ne peut que marquer. C’est comme un battement de cœur.

Ah super, merci beaucoup. Quand on a repris ce répertoire après cette période privé de scène avec les divers confinements et décisions, dans ce contexte de pandémie, on s’est rendu compte que ça avait encore plus de sens de le jouer aujourd’hui parce qu’il s’agit beaucoup de partage, de réunions, de gastronomie, de rencontres entre les gens. Ça m’a beaucoup émue la première fois que je suis remontée sur scène avec ce répertoire car cela avait énormément de sens.

Je vous comprends. Alors il y a un 3ème bébé, le petit dernier « Play Blue » qui a vu le jour, enfin que vous avez enregistré en avril/mai 2021.

Oui c’est ça, on l’a enregistré au printemps. La sortie nationale du nouvel album est le 05 novembre. C’est dans la boite, il existe. J’en ai accouché (rires collégiaux). Le mot de « bébé » est très juste car j’en ai accouché après un gros travail de gestation. Ce qui est souvent le cas pour un album surtout dans ce contexte particulier. Là on est plutôt vers New York puisqu’il s’agit de morceaux issus du label Blue Note qui est un label mythique. On reste aux Etats-Unis mais plus dans le sud (rires collégiaux).

On voyage avec vous.

Oui, c’est lié à mes origines qui sont assez métissées. Ma maman était pied-noir d’Algérie avec des origines italo-espagnol. Il y a l’Italie du côté de mon père. J’invite à un voyage musical et géographique aussi. Pour ce label mythique qui est Blue Note et qui jusqu’au milieu des années 80 ne publiait que des artistes instrumentaux. Là, encore c’était intéressant d’aller surfer sur ce terrain et là pour le coup, j’ai écrit tous les textes.

On le disait cette période de confinements a été très compliquée. Vous aviez besoin, j’imagine, de coucher des mots sur du papier pour extérioriser et vous évader dont la création d’un nouvel album.

En fait, c’est complètement lié au confinement. Je fais partie des gens pour lesquelles le 1er confinement a été extrêmement rude pour plusieurs raisons. Professionnellement évidemment mais sur un plan personnel aussi. Il se trouve que le hasard de la vie a fait que j’ai été attaqué sut tous les front (rires). La seule porte de sortie que j’avais c’était la création. Et oui vous voyez juste ça a été un exutoire et une réparation. Le fait de pouvoir coucher tout ça sur du papier, ça a beaucoup nourri ma créativité et mon inspiration. C’est vraiment une ode à la vie les textes que j’ai écrits.

 Une espèce de résurrection ?

D’une certaine façon, c’est un album phœnix (rires collégiaux). C’est vrai, ça aurait pu s’appeler comme ça. Ça m’a beaucoup nourri et dans les textes il est énormément question de ça. A savoir, comment fais-t-on un sort à l’adversité ? J’enseigne le chant et je dis souvent à mes élèves : « C’est une grande chance qu’on a d’être des êtres créatifs et de pouvoir convertir les évènements de la vie et d’en faire quelque chose ». Cela peut être assez sinueux et difficile la création. On ne crée pas en un jour (rires collégiaux). Il faut bien plus de temps, mais c’est salvateur et salutaire.

Justement, que diriez-vous à un de vos élèves qui veut faire carrière dans le chant ?

Travaille (rires collégiaux) ! Bosse !

C’est primordial.

J’enseigne essentiellement le jazz vocal mais il y a beaucoup de fantasmes autour de ça qui sont alimentés par la télé-réalité, tout un tas de tremplins, de grandes visibilités. Bien définir est-ce qu’on veut être musicien ou star parce que ce n’est pas la même chose. Quand on veut être musicien, il faut beaucoup travailler. Y compris quand on est chanteur parce que le chanteur est un musicien, en tout cas de mon point de vue. Il faut donc travailler, rencontrer des gens et pratiquer en faisant des bœufs, aller voir des concerts, écouter de la musique de tout horizon et se nourrir. Dans mon parcours je me suis nourri de plein de choses : de lecture, je suis allé chercher dans la danse, dans d’autres choses que le jazz comme l’improvisation théâtrale. Tous ce qui pouvait nourrir mon art et ma pratique scénique. Le conseil c’est travailler et explorer, être curieux et se tromper.

Pour avancer, il faut commettre des erreurs.

Oui, c’est important de se planter c’est comme ça qu’on apprend. Se tromper ce n’est pas grave

Qu’est-ce que vous ressentez quand vous êtes dans les coulisses juste avant l’annonce de votre entrée sur scène ?

J’ai envie de m’y jeter ! Je n’ai jamais été une traqueuse. Je peux avoir le trac la veille ou le matin quand il faut prendre le train, préparer sa valise en vérifiant que je n’ai rien oublié comme des accessoires. Mais une fois que c’est fait j’ai hâte d’y être. En général je me prends par la main, comme si j’avais une petite fille à la main et je lui dis : « Allez viens on va s’amuser » !

C’est mignon.

En loge, j’ai toujours une photo de moi enfant. J’ai ma petite Cecil qui m’accompagne (rires collégiaux). Je la rassure et une fois qu’on y est, ce n’est plus le moment d’avoir peur de toute façon. Et puis c’est une rencontre et des retrouvailles avec le public et c’est chouette. Ce n’est jamais pareil d’un soir à l’autre, il y a de l’inattendu et ça c’est intéressant.

Et ce jeudi on vous retrouve au 1er festival Jazz Ô Palais à Albi.

Oui, le tout premier. On fait l’ouverture. Il a été reporté plusieurs fois et enfin ça y est. Des retrouvailles qui surpassent un trac qu’on pourrait avoir. C’est comme sauter d’un trampoline ou d’un plongeoir et on y va. Mais c’est vrai que c’est un rendez-vous très attendu et on est très heureux d’être à l’affiche et d’enfin pouvoir rencontrer ce public d’Albi

Merci beaucoup Cécil et Bon concert à Albi !

Merci à vous, j’ai vraiment hâte.

Rendez-vous

Cecil L. Recchia avec son 4tet sera en ouverture de la première édition du festival Jazz Ô Palais suivi du groupe Delgrès le jeudi 02 septembre 2021 à partir de 20h30. Premier concert à 20h45 de Cecil L. Recchia, suivi à 22h30 par celui du groupe Delgrès.

PASS sanitaire obligatoire

Pour assister au festival le Pass sanitaire vous sera demandé à l’entrée. Toutes les modalités et renseignements concernant le Pass sanitaire sont disponible sur le site de Jazz Ô Palais rubrique Pass sanitaire.

Informations et réservations

Pour réservez vos billets afin de voir le concert de Cecil L. Recchia et de Delgrès (réservation pour les deux concerts chaque soir du festival) ou des informations sur les horaires et le programme du festival, rendez-vous sur le site officiel du 1er festival Jazz Ô Palais. Adresse de la manifestation : Place du Palais à Albi (81).

 

Photo montage : Cecil L. Recchia – © Carlotta Forsberg et affiche – © festival Jazz Ô Palais. 

 

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