Disparition d’un héros de la Guerre d’Espagne.
« Este ha sido su camino » (Tel fut son chemin). « Rafa » Gandia, figure incontournable de l’Espagne toulousaine, s’est éteint hier à l’âge de 94 ans. Il s’appelait Rafael Gandia.. Il était né à Yecla, dans la province de Murcie, le 11 octobre 1917. A l’âge de 19 ans, il revêtait l’uniforme de l’armée espagnole pour défendre la République attaquée par les nationalistes et contribuer à libérer son pays de la dictature franquiste.
Modeste, il n’aimait pas raconter ses trois années de guerre. « Il faudrait trop de pages » disait-il. Il préférait parler de ce qui s’était passé le 9 février 1939 quand il est entré en France avec ses hommes en passant la frontière à Cerbère . « Nous étions vaincus. Nous devions fuir pour ne pas mourir ». Il atterrit, comme beaucoup de ses compagnons de la « Retirada », au camp d’Argelès, par une température de -10°C. Il eût plus de chance que d’autres, car Rafael Gandia savait conduire. Il fut donc chauffeur de gradé et pouvait sortir du camp. Il échappa aux camps de la mort allemands et s’engagea avec une poignée de camarades dans la résistance français à la tête du groupe « Martin ». Quand la France fut libérée, il devint un des messagers clandestins de l’antenne toulousaine du gouvernement républicain provisoire espagnol qui œuvrait en secret pour préparer le retour de la République en Espagne. « Malheureusement, nous n’avons pas réussi. Cette tentative a coûté la vie à beaucoup de jeunes ».
En 1945, il épouse Maruja, fille d’un lieutenant colonel mort dans les camps allemands et exilée à Toulouse avec sa mère. Ils ont eu deux enfants : Charles et Jeanine. La descendance est assurée par cinq petits enfants. Pour gagner sa vie, Rafael Gandia fut représentant en chaussures. A ses heures, celui qui fut longtemps président de la Casa de Espana, et président de l’amicale des anciens guerilleros était aussi poète. Curieusement, ce fervent républicain était fier de montrer la photo que le Prince des Asturies lui avait dédicacée lors de son passage à Toulouse, en 1996. Il fut très sensible également au bel hommage que Toulouse organisa à l’occasion du 75e anniversaire de la République espagnole en 2006.
Source La Dépêche du Midi